Dès ce matin Noémie Paré en action à l’Onium Américain féminin de golf…
En débarquant à San Francisco à l’aube de cette semaine aussi unique qu’extraordinaire dans sa jeune carrière, Noémie Paré a lâché à son grand frère une phrase-choc rappelant l’intensité de l’Omnium américain. « Cette semaine, tu n’es pas mon frère, tu es mon cadet. »
C’est dire à quel point la golfeuse amateur ayant gagné l’un des quelque 60 tickets à l’issue des qualifications parmi 1595 inscriptions est concentrée et sérieuse.
La Québécoise ne s’est pas présentée au splendide Olympic Club à titre de touriste. Elle veut mesurer son jeu (voir autre texte) dès demain.
Mais c’était primordial de compter sur l’appui de sa famille directe. Tout le monde est présent : papa, maman, frérot et sœurette.
Frérot, Jean-Michel, a toutefois un rôle primordial en trimballant son sac sur les allées immaculées du club californien. Il doit la garder dans le moment présent, lui donner des informations de jeu précises en lui laissant le soin de sélectionner ses options et prendre ses décisions.
Comme sa sœur, il vit en quelque sorte un rêve, lui qui avait amorcé une carrière professionnelle de golf qui a pris fin en raison d’une blessure. Jean-Michel est d’une certaine façon l’élément déclencheur qui a incité Noémie à débuter la pratique du golf.
Aux dires du paternel, Pierre, il est son modèle. Quand il les regarde sur un parcours de golf, ses deux enfants sont quasi identiques.
« Noémie et Jean-Michel, c’est vraiment une belle histoire. Ils sont pareils. Noémie l’a toujours suivi », a-t-il raconté en entrevue téléphonique.
Mais là, les rôles sont inversés. Plutôt que de se retrouver au club de golf Victoriaville où ils ont grandi en s’amusant et en se tirant la pipe avec des amis, ils participent à un tournoi du Grand Chelem. C’est la cadette qui dicte les règles au plus vieux.
Équipe de feu
D’ordinaire, le rôle de cadet serait revenu à l’entraîneur de l’équipe nationale féminine, Tristan Mullally. Les restrictions de voyage ont toutefois changé les plans. Jean-Michel, non sans le mériter bien sûr, a hérité de la fonction selon le souhait de Noémie.
« Il me connaît mieux que quiconque. On forme une merveilleuse équipe. C’est lui qui m’a appris les rudiments de ce sport. C’est une belle continuité dans notre relation sur les parcours. C’est un beau moment qu’on vit ensemble. C’est notre rêve, a relaté la golfeuse en entrevue avec Le Journal de Montréal depuis l’Olympic Club.
« C’est drôle, car avant de partir pour la qualification, j’avais lancé à la blague à mon frère qu’il traînerait mon sac si je parvenais à me qualifier. C’est devenu une réalité. En plus, il a toujours souhaité vivre l’expérience d’un US Open à l’intérieur des cordes. C’est un moment unique. »
Magique et parfait
Ce championnat se caractérise par son ampleur et son souci des détails organisationnels. C’est un gigantesque événement susceptible de facilement désorienter une participante impressionnée.
« C’est aussi magique que parfait, a laissé savoir Noémie, traitée aux petits oignons depuis son arrivée, samedi dernier. Je commence à peine à m’en apercevoir. Je suis concentrée sur le travail à effectuer. »
Au cours des trois derniers jours, elle a étudié de fond en comble le parcours, réputé pour sa difficulté. La précision est de mise. Avec l’aide de Jean-Michel, ils ont rempli de notes leur calepin des distances. Même que dans leur marche dominicale, la golfeuse amateur a eu droit, avec surprise, à un petit mot de l’antipathique vétérane Christie Kerr.
« Parce qu’on se croisait souvent sur le parcours, je lui ai dit que c’était ma première participation. Elle m’a répondu avec gentillesse : “buckle up, buttercup”. »
L’Omnium des États-Unis se distingue par sa difficulté et ses configurations de parcours peu communes. Il faut savoir y prendre des décisions judicieuses. Paré sent qu’elle contrôle suffisamment son jeu pour affronter les conditions du Lake Course de l’Olympic Club.
Long terme
« C’est un apprentissage pour la suite de mon développement. Je vais savoir ce que je fais de bien et ce que je dois changer. Je ne dois pas me laisser intimider par l’ampleur du tournoi. Je connais mes forces et les stratégies à appliquer. Je veux grandir de cette expérience. »
Fièrement, Jean-Michel la voit pleinement investie dans sa mission. Ils savourent le moment tout en n’oubliant pas les objectifs fixés.
« C’est un rêve de se rendre à l’Omnium américain. Mais il ne suffit pas d’y participer une seule fois. Il faut y participer durant plusieurs années. C’est cette attitude que je vois chez ma sœur cette semaine. »
À cet égard, la date de l’Omnium des États-Unis 2023 est déjà encerclée à leur calendrier. Il sera disputé à Pebble Beach. Un autre rêve du duo québécois.
Source: Journal de Mtl – François David Rouleau