Une pionnière du golf, Diane Barabé de Granby…passe le “Flambeau”
Jamais une femme n’avait occupé le poste de la présidence du comité des règles du golf au Canada. Diane Barabé a défoncé la première porte de son sport autrefois et longtemps réservé aux hommes. Après quatre années chargées en fonction, son temps est venu de passer le flambeau.
L’officielle Québécoise ne le fait pas sans un pincement au cœur. L’année 2020 a évidemment contrecarré ses plans. Habituée de fouler les plus beaux parcours de l’Amérique et de l’Europe en suivant les exploits des meilleurs golfeurs professionnels et amateurs dans les grands championnats, c’était en quelque sorte son chant du cygne. Sa tournée d’adieux.
Pour saluer et remercier ses confrères avec qui elle a travaillé durant quatre ans, elle les a faits virtuellement ou au bout du téléphone… Le Championnat des joueurs du circuit de la PGA en mars dernier aura été sa dernière affectation comme officielle.
« Je ne suis pas frustrée de la tournure des événements, mais simplement déçue, a d’abord signalé la dame de 71 ans dans une généreuse entrevue avec Le Journal avant le passage à 2021. Ce ne sont pas tous les présidents du comité des règles qui ont eu un mandat de quatre ans. J’ai profité de trois belles années avant que la pandémie ne frappe. »
Sur les plus beaux parcours
Dans une entrevue accordée au Journal au Royal Birkdale lors de l’Open 2017, alors qu’elle amorçait son mandat de présidente du comité des règles de Golf Canada, Mme Barabé avait formulé le souhait de vivre de belles expériences en accumulant de précieux souvenirs et des amis partout dans le monde.
En faisant le décompte de ses affectations depuis 2017, l’officielle de Granby s’est estimée chanceuse. Deux visites au splendide TPC Sawgrass ainsi que trois présences au Tournoi des Maîtres, à l’Omnium des États-Unis et à l’Omnium britannique en plus de deux passages à l’Omnium féminin américain. À cela s’ajoutent les deux grands championnats canadiens et des tournois amateurs, tant à l’échelle internationale qu’à l’échelle provinciale. Elle a foulé les parcours du Augusta National, de Pebble Beach, d’Erin Hills, de Shinnecock Hills, du Royal Birkdale, de Carnoustie et du Royal Portrush, pour ne nommer que ceux-là.
Quatre ans plus tard, elle confirme qu’elle a réalisé son souhait. Ce ne fut pas une mince affaire. Le prestigieux poste en est un de bénévole, mais la charge de travail est colossale. Elle a vécu dans ses valises à courir les réunions et les tournois en pleine ère de modernisation des règles du golf.
« J’étais occupée 12 mois par année. J’ai délaissé beaucoup de petites joies familiales. Mon conjoint et mes enfants étaient bien conscients de ce que ce poste nécessitait. Mais je m’y suis lancée à 200 %. Je crois avoir bien représenté mon pays. Et j’ai ouvert cette porte qui était autrefois réservée à la gent masculine », a-t-elle rappelé.
Présence de femmes
À ses débuts, elle pouvait compter sur les doigts d’une seule main les femmes appelées à officier les championnats majeurs. Après quatre ans, elle estime que la cause a cheminé. Elles sont plus présentes. Encore très minoritaires, mais la voie est ouverte.
« Les temps ont changé depuis ma première présence à un tournoi professionnel masculin. C’était en 2014 lors de l’Omnium canadien à Montréal. Le directeur avait informé les joueurs qu’une femme serait arbitre. C’était moi, a-t-elle rigolé en plongeant dans ses souvenirs pas si lointains.
« Mais depuis, je dois dire que ce n’est pas un univers antiféministe, a-t-elle enchaîné. Je n’ai pas eu ce sentiment. Les gens sont très ouverts. Je n’ai jamais senti travailler dans un monde fermé réservé aux hommes. »
À l’échelle nationale, Mme Barabé se plaît à rappeler qu’à ses premières armes au comité des règles de Golf Canada, seulement deux femmes étaient présentes sur le panel de neuf membres. Elles sont maintenant quatre et même cinq en ajoutant une consultante.
Des exigences
Estimant que la relève est encourageante dans le bassin d’officiels au Québec et au Canada, Mme Barabé espère avoir tracé le chemin. Pour grimper les échelons, un bon officiel doit faire travailler sa matière grise, connaître les règles sur le bout de ses doigts, avoir le désir d’aider les joueurs plutôt que de les pincer en défaut, savoir les approcher, savoir configurer les parcours, accumuler de l’expérience sur le terrain et ne pas compter ses heures.
Comme l’expérience ne s’achète pas, elle ne compte pas tabletter son livre des règlements aussitôt après avoir passé le flambeau à son successeur, l’Ontarien Tom Forestell.
La Québécoise restera au comité des règles en 2021. Elle veut pouvoir transmettre ses connaissances.
Et un p’tit deux qu’elle ne refusera certainement pas les invitations à officier les deux omniums canadiens de 2021. Par la suite, « elle verra » ce que la vie lui réserve.
Source : Journal de Mtl – François David Rouleau