Martin Ducharme : «Du stress du matin au soir»
Martin Ducharme est directeur général du Club de golf Château-Bromont, président de l’Association des clubs de golf du Québec et membre du conseil d’administration de Golf Québec. Mais surtout, il est devenu un des personnages les plus influents de l’industrie. Le printemps dernier, il s’est d’ailleurs imposé comme un leader dans le dossier de la relance du golf au Québec en pleine pandémie. Rencontre avec un homme amoureux de son sport et de son industrie.
Martin, vous avez récemment déclaré que la COVID-19 avait sauvé le golf au Québec. Vous y croyez vraiment ?
Absolument ! Écoutez, on a enregistré une hausse de près de 20 % du nombre de rondes jouées à travers la province. C’est énorme. Les clubs comme le nôtre n’ont pas enregistré une hausse aussi importante parce qu’on avait déjà une importante clientèle et qu’il y a une limite au nombre de joueurs qu’on peut accueillir dans une journée, mais d’autres qui en arrachaient avant ont vu leur clientèle carrément exploser. C’est merveilleux !
Quand on y pense, c’est particulier. Parce qu’il n’y a pas grand-monde, surtout dans le milieu du sport, qui a profité de la pandémie.
C’est pas compliqué, c’est le seul sport que les gens ont pu pratiquer pendant un bon moment. Et on avait quelque chose de merveilleux à offrir : du grand air et du social dans un environnement totalement sécuritaire. Une belle journée passée avec ses amis, ça n’avait pas de prix dans le contexte actuel. Parce que le contact humain, c’est ce dont les gens s’ennuient le plus.
Mais cet engouement pour le golf, il peut durer ?
Là, ça devient à nous de prendre soin de cette nouvelle clientèle, particulièrement les 19-35 ans, qu’on a vus envahir nos terrains tout d’un coup. Il faudra maintenant accompagner ces gens-là, leur expliquer c’est quoi le sport, les amener un peu plus loin.
Martin, vous avez récemment déclaré que la COVID-19 avait sauvé le golf au Québec. Vous y croyez vraiment ?
Absolument ! Écoutez, on a enregistré une hausse de près de 20 % du nombre de rondes jouées à travers la province. C’est énorme. Les clubs comme le nôtre n’ont pas enregistré une hausse aussi importante parce qu’on avait déjà une importante clientèle et qu’il y a une limite au nombre de joueurs qu’on peut accueillir dans une journée, mais d’autres qui en arrachaient avant ont vu leur clientèle carrément exploser. C’est merveilleux !
Quand on y pense, c’est particulier. Parce qu’il n’y a pas grand-monde, surtout dans le milieu du sport, qui a profité de la pandémie.
C’est pas compliqué, c’est le seul sport que les gens ont pu pratiquer pendant un bon moment. Et on avait quelque chose de merveilleux à offrir : du grand air et du social dans un environnement totalement sécuritaire. Une belle journée passée avec ses amis, ça n’avait pas de prix dans le contexte actuel. Parce que le contact humain, c’est ce dont les gens s’ennuient le plus.
Mais cet engouement pour le golf, il peut durer ?
Là, ça devient à nous de prendre soin de cette nouvelle clientèle, particulièrement les 19-35 ans, qu’on a vus envahir nos terrains tout d’un coup. Il faudra maintenant accompagner ces gens-là, leur expliquer c’est quoi le sport, les amener un peu plus loin.
Le golf a été le tout premier sport à être déconfiné au Québec. En tant qu’industrie, j’imagine que vous en avez tiré énormément de fierté.
Vous savez quoi ? La Santé publique et le gouvernement n’ont pas changé une virgule au protocole de retour au jeu élaboré par la Table de concertation de l’industrie du golf du Québec. Pas une virgule. Ça démontre à quel point nous avons fait les choses sérieusement, à quel point nous nous sommes appliqués. Personnellement, j’étais en contact constant avec le bureau de la ministre Charest et je suis un peu devenu le porte-parole auprès des médias. Au départ, les gens de la Table de concertation avaient décidé de ne pas faire de déclaration publique, mais lorsqu’une pétition a commencé à circuler en ligne parce que les golfeurs avaient l’impression qu’on les avait complètement oubliés, je me suis dit qu’il fallait réagir, qu’il fallait parler, parce que je savais, moi, que ça travaillait très fort en coulisse. J’ai été très visible dans tout ça, c’est vrai, mais y’a plein de monde de l’industrie qui ont mis des heures et des heures dans le projet de relance.
La saison qui a suivi s’est très bien déroulée, donc. J’ai tout de même l’impression que ça n’a pas été reposant pour les responsables…
Je vais être à 100 % honnête avec vous. La saison a pris fin jeudi à notre club, à Bromont, et je n’ai jamais, au grand jamais, été aussi fatigué au terme d’une campagne. Ce n’est pas de la fatigue physique, c’est de la fatigue mentale. De l’épuisement même. Ça a été une saison valorisante, mais tellement, tellement stressante. La santé de nos employés, celle de nos joueurs, le respect des mesures sanitaires, il fallait voir à tellement de choses à chaque jour. Ce stress-là m’accompagnait toute la journée, du matin au soir. Ce n’était pas facile pour la famille parce qu’on était là-dedans tout le temps.
D’où vient cette passion pour le golf, Martin ?
Tout part de mon oncle Robert Ducharme. J’avais sept ou huit ans quand il a loué le club de Saint-Colomban, dans les Laurentides, et qu’il m’amenait avec lui. Je ne pouvais pas jouer à cause de mon âge et je faisais croire que j’allais chercher les balles dans le bois. Mais à la place, je cachais un bâton dans mes affaires et je frappais des balles ! Ensuite, mon oncle a acheté une terre à Crabtree, dans Lanaudière, et il a construit un neuf trous, puis un autre. Je l’ai suivi là-dedans. Il me faisait confiance et il m’a appris plein, plein de choses. Cet homme-là, qui est toujours vivant mais qui est malade aujourd’hui, m’a sauvé de la délinquance et a eu une grande influence sur l’homme que je suis devenu. Ma passion pour le golf, c’est mon oncle Robert qui me l’a transmise et je l’en remercie.
Vous avez occupé plusieurs emplois dans l’industrie au fil des ans, de préposé au départ à directeur général en passant par vendeur et enseignant. Et aujourd’hui, vous en êtes à votre deuxième séjour au Château-Bromont, qui est devenu un des clubs les plus importants au Québec. Le golf, c’est plus que votre passion, dans le fond, c’est votre vie.
C’est ma vie, oui. Et honnêtement, je ne me vois pas travailler dans un autre domaine. Je suis bien ici et dans mon milieu, je suis à ma place. Est-ce que je manque d’ambitions ? Non. Je me considère comme un homme de défis. Et des défis, il y en a plein à relever à Bromont comme dans notre industrie. À titre de DG, je veux que mon club ait une réputation nord-américaine ; à titre de président de l’Association des clubs du Québec, je veux que nos clubs soient prospères et qu’on trouve tous les moyens pour répondre aux besoins de notre clientèle ; et en tant que membre du conseil d’administration du Golf Québec, je veux que la croissance de notre sport se poursuive, particulièrement chez les jeunes dans nos écoles.
À travers tout ça, avez-vous le temps de jouer ?
J’ai tellement joué dans ma jeunesse, vous ne pouvez pas savoir. Ma femme Chantal me dit souvent que j’ai joué suffisamment pour me rendre jusqu’à ma mort ! Cet été, j’ai joué deux petites fois. Et je vais vous confier un secret : depuis que je suis au Club Château-Bromont, depuis une dizaine d’années en tout et partout, je n’ai jamais complété un seul 18 trous ! À ce stade-ci, je suis beaucoup plus intéressé à parler avec les golfeurs, à voir si tout est à l’heure goût, qu’à jouer…
Les gens seront peut-être surpris d’apprendre que vous travaillez à Bromont, mais que vous habitez Laval, à 1 h 15 de route. Pourquoi n’avoir jamais déménagé ?
Je suis un gars d’action, mais je suis conservateur en même temps. À Laval, j’habite à deux pas de la Cité de la santé. Et le fait de rester proche de l’hôpital m’a sauvé la vie une fois et ça a sauvé la vie de ma femme une fois aussi. Ça, c’est un point important. Aussi, si vous saviez tous les projets que je fais dans ma voiture entre Laval et Bromont et entre Bromont et Laval. Mon auto, c’est mon petit paradis à moi, juste à moi, là où je relaxe et où je réfléchis très fort à l’avenir de mon club et de mon sport. Le nombre d’idées que j’ai eues dans ma voiture…
Vous êtes marié à Chantal depuis 31 ans et vous avez une grande fille de 26 ans, Laurence. Vous ne les avez pas trop négligés au fil des ans comme tant de gens passionnés par leur travail ?
Ce que j’ai envie de dire, c’est que sans leur patience, leur soutien et leur encouragement, je n’aurais probablement pas passé à travers. Et si je peux encore faire des plans, croyez-moi, c’est grâce à elles.
Source: Michel Tassé – Directeur sports – La Voix de l’Est Granby