Le secret de Denis Messier pour jouer sur le terrain du MASTERS en Georgie….du sirop d’érable !
Dans une excellente entrevue donnée cette semaine au directeur des pages sprotives de La Tribune de Sherbrooke, Sébastien Lajoie …Mr MULLIGAN en Estrie Denis Messier raconte son SECRET pour avoir pu jouer 3 fois en 23 ans sur le mythique parcours du MASTERS d’Augusta en Georgie.
L’ARGCE est heureuse de vous présenter ce texte et de vous faire découvrir le secret du potineur le plus connu des Cantons de l’Est.
Rien de mieux que d’écouter le Tournoi des maîtres à la télévision, en avril. Le parcours fleuri et manucuré d’Augusta est splendide et à travers l’écran, on peut sentir le printemps, la douce brise qui va se réchauffer alors que lentement s’installe l’aurore de l’été.
Mais pas cette année.
Le Masters a été annulé en avril dernier, pandémie oblige, et déplacé en novembre. Un décor différent, mais tout aussi bucolique. Mais pas de spectateurs. Moins de journalistes. Mais le tournoi a lieu. La vénérable institution de Géorgie se dresse dans l’adversité.
Mercredi soir, Denis Messier est bien installé dans son fauteuil en cuir, devant son écran plat. Bien sûr, c’est le Golf Channel qui remplit les ondes.
Cette année, plutôt que d’arpenter les allées de l’Augusta National, Denis Messier regarde son Masters de la maison. Encore une fois, pandémie oblige.
Le vétéran échotier de La Tribune, qui a pris sa retraite depuis plusieurs années déjà, collabore toujours avec « son » journal. Des potins à propos des différentes activités sociales qui se déroulent en ville, pendant l’année, et des potins sur le golf et ses artisans de la région, pendant la période estivale.
En Estrie, le golf est intimement lié à Denis Messier. Et l’inverse est aussi vrai. Depuis des lunes.
Voilà pourquoi le « chef » est un peu plus bougon, ces temps-ci. La pandémie sape ses possibilités de sorties et le passage en zone rouge raye toutes les activités sociales auxquelles il participait, armé de son petit crayon de plomb et de ses calepins.
Et il n’est pas au Masters, qu’il couvrait avec ses amis André Rousseau et Réal Labbé, depuis longtemps.
À sa première année à la couverture de l’événement, en 1997, Denis Messier était le seul journaliste québécois sur place, rappelle-t-il. Il a poursuivi ses pèlerinages annuels en Géorgie pendant 23 ans. Un record, pour un journaliste du Québec.
Outre le fait de côtoyer les grands golfeurs d’hier et d’aujourd’hui, Denis Messier a également eu la chance, le privilège devrait-on dire, de jouer à Augusta. À trois reprises. Probablement grâce au sirop d’érable.
Jouer Augusta
Bien installé dans son fauteuil, Denis rigole à la pensée même de ce souvenir.
« Je vais te dire ce qui est arrivé. En 1997, à ma première année à Augusta, je ne suis pas au courant qu’il y a un tirage au sort fait le vendredi matin parmi les journalistes intéressés, pour jouer le lundi matin. Je l’apprends sur place. Ok, d’accord. Je m’inscris, j’ai mes bâtons dans le coffre de mon auto, de toute façon. Mais je ne sors pas, le vendredi matin. Je ne suis pas sur le tableau des 40 noms. »
« À l’époque, c’était Mme (Martha) Adams qui s’occupait de la réception des journalistes, des invités, à Augusta. Et je l’aimais ben gros. Alors l’année suivante, en 1998, avant de repartir vers Augusta, je demande à Lorraine (Laliberté, alors secrétaire à la rédaction de La Tribune), qu’est-ce que je pourrais faire pour améliorer mes chances afin d’être choisi dans la pige? Elle me dit tout simplement, amène du sirop d’érable! » se rappelle Denis Messier.
Lorraine et sa famille, précisons-le, ont une érablière.
« ”Ben oui Denis! En Géorgie, ils ne connaissent pas ça, le sirop d’érable!” Ok, c’est correct, prépare-moi ça, une couple de cannes, là. »
« Elle m’arrange ça et je pars avec mon sirop dans mes bagages. Arrivé sur place, je constate que Mme Adams prend sa retraite, et on annonce un cocktail en son honneur pour souligner son départ, après le tournoi. Maudit. Je me demandais bien quoi faire avec mes trois cannes de sirop. Je n’ai pas de sac cadeau, rien de ça. En face du terrain à Augusta, il y a (avait) un petit centre d’achats, avec une pharmacie. J’ai acheté un sac, du beau papier, et je suis allé à la réception pour Mme Adams. »
« Je ne connais personne, au cocktail, c’est ma deuxième année au Masters, et en plus, il n’y a personne du Québec, zéro. Alors la cérémonie commence. Le président du circuit professionnel d’Europe lui donne un cadeau, le président de la PGA aussi, tout comme le président de l’Augusta national. Ça fait 5-6 cadeaux qu’elle reçoit. Des très beaux cadeaux. Moi je suis pogné-là avec mon sirop d’érable dans mon sac! »
« J’attends dans mon coin, avant d’aller voir Mme Adams avec mon sac et mes cannes. Tenez, que je lui dis, je vous donne ça. Mais là, vous n’ouvrez pas ça ici! Vous l’ouvrirez chez vous, plus tard! J’étais gêné! Voyons, des cannes de sirop d’érable! »
« Ça reste comme ça, elle me remercie. Le vendredi matin, c’était le moment du tirage au sort. J’entre dans la salle de presse, je regarde la liste des journalistes pigés et mon nom est là! Je me détourne, je regarde Mme Adams, qui debout derrière son comptoir à l’entrée, et elle a un beau sourire. Bon, ok! Je suis content! Je prends le téléphone, j’appelle au journal et je parle à Lorraine. « Lorraine! Ça a marché ton affaire de sirop d’érable! Alors le lundi matin, j’étais sur le terrain! »
Cette tradition sucrée, Denis Messier l’a répétée chaque année. Avec des cannes de sirop, mais aussi avec d’autres gâteries, comme des cornets en sucre d’érable, par exemple. Chaque année, son petit cooler était plein, prêt pour le voyage à Augusta.
Une fois qu’un journaliste obtient le privilège de jouer à Augusta, il doit par la suite attendre au moins sept ans avant de pouvoir être admissible au tirage.
« Par la suite, j’ai toujours apporté du sirop d’érable avec moi dans mes bagages à Augusta. Celle qui a remplacé Mme Adams a aussi droit à son sirop. Après ça, j’ai amené du sirop et des bonbons en sirop d’érable. J’ai demandé à Lorraine de m’en fabriquer. Les femmes m’attendaient, avec le sourire, à Augusta. Je voulais que tout le monde en ait. J’ai rajouté des cornets en sucre d’érable. Je leur donnais ça le mardi, quand j’arrivais.
« En 2004, après le tournoi, je suis allé saluer la dame qui était à la réception, et à qui j’apportais du sirop, et les autres gâteries à l’érable. C’était la coutume, de remercier les gens qui se sont si bien occupés de nous. André Rousseau était avec moi. Alors la dame m’a dit : « Denis n’oublie pas tes bâtons l’an prochain, tu es à nouveau admissible au tirage! » André m’a alors regardé avec une drôle de tête. »
L’année suivante, Denis Messier jouait à nouveau sur les allées du Augusta National. Et en 2013 aussi.
Le sirop d’érable fait des merveilles en Géorgie, faut croire.
Source: Sébastien Lajoie – La Tribune Sherbrooke