Un mandat qui se termine dans la mire de la Covid-19 pour Diane Barabé…
C’est à partir de sa résidence de Granby que Diane Barabé regardera la prochaine édition du Tournoi des maîtres, la semaine prochaine. Plutôt que d’être sur le terrain en tant qu’arbitre, à épier les Tiger Woods, Dustin Johnson ou Bryson DeChambeau, la présidente sortante du comité des règles de Golf Canada est sur la touche.
À cause de la COVID.
Première Canadienne à arbitrer au Masters, Barabé n’a pas volé sa place. Elle est la présidente du comité des règlements de Golf Canada, un titre qui lui vaut de jouer un rôle d’officielle dans les tournois majeurs.
Et elle croyait bien terminer son mandat en grand, en 2020, avec une année fort chargée.
Outre le Tournoi des maîtres, elle devait également être d’office à l’Omnium britannique, au Championnat amateur américain, et à plusieurs autres tournois d’envergure.
Mais tout a basculé, du jour au lendemain, en mars, alors qu’elle était en Floride.
« Quand la pandémie a commencé, j’étais au Players en Floride (Championnat des joueurs de la PGA à Ponte Vedra Beach). C’était mon premier tournoi de l’année, j’avais une année super chargée. La première ronde s’est déroulée comme prévu, mais en fin de journée, la PGA a pris la décision que la deuxième ronde serait disputée, mais sans spectateurs. Ce soir-là, on est au restaurant, et vers les 20 h on a reçu un courriel disant que la suite du tournoi était annulée. L’organisation nous invitait à retourner chez nous, dans notre pays. Même chose pour les membres américains de la USGA. Il y avait une certaine panique, qui commençait. Je suis revenue à la maison, dès le dimanche », se souvient-elle.
Plutôt que d’arpenter les allées des tournois majeurs de la PGA, Diane Barabé a joué au golf, fais des rénovations et du jardinage, en plus d’arbitrer des tournois provinciaux comme l’Invitation Bromont, de Golf Québec, ou un tournoi du East Coast Tour, au Royal Bromont. Un été tranquille.
« Le principal, c’est la santé. La vie continue. Ce n’est pas la façon dont j’aurais aimé terminer mon mandat. C’est toujours agréable de regarder les gens en face et de les remercier, et d’échanger, et tout ce qui entoure la partie sociale des événements. Je suis à l’aise, je n’ai pas d’amertume, mais je suis déçue, c’est sûr. »
Pour Diane Barabé, le Tournoi des maîtres, c’est la beauté des lieux, le terrain manucuré, le soin du détail à chaque trou. Et l’ambiance. Une ambiance unique.
Et Tiger Woods.
« J’étais là, quand Tiger a gagné l’an passé. L’atmosphère dans le chalet où tous les arbitres étaient réunis était tout simplement incroyable. On se disait alors qu’il n’y a rien de mieux qui pouvait arriver, tant pour lui que pour le golf. Ce fut une bonne chose. Tant de gens disaient qu’ils ne gagneraient plus jamais. Il a prouvé qu’il était encore capable. C’est impossible de décrire une atmosphère semblable; des amateurs avaient les larmes aux yeux! »
Contre toute attente, Tiger Woods a remporté cette 83e édition du Tournoi des maîtres, enfilant le veston vert du gagnant, et remportant un premier tournoi majeur depuis 2008.
C’est en 2017 que Diane Barabé a officié au Tournoi des maîtres pour la première fois. À Augusta, les arbitres sont assignés à des trous, des assignations qui changent chaque ronde.
Mais la situation est fort différente à l’Omnium britannique, où les arbitres sont assignés à des groupes de joueurs.
En 2018, à Port Rush, Diane Barabé suivait le groupe de Tiger.
« C’était, en Irlande. J’étais le foward referee pour le groupe de Tiger, et juste avant nous, il y avait le groupe de (Phil) Mickelson. Ce qui était impressionnant, c’est de voir les amateurs s’entasser, des fois, par 10 rangées de large. Une mer de gens. Les gens qui courent pour voir ces golfeurs. Probablement que les gens derrière ne voyaient rien, mais ils étaient là pour sentir le feeling, l’atmosphère d’être là. Je n’ai jamais vécu ce sentiment-là. Les gens admirent et aiment Tiger. De ressentir cet amour pour lui, c’était très particulier, et de vouloir le voir gagner. »
« Ce sont des expériences qu’on n’oublie jamais. J’ai été privilégiée. Fouler les allées d’Augusta, c’est très spécial. À ma première année, en 2017, j’ai touché au gazon, parce que j’étais sûre que c’était artificiel! Et je me suis fait dire que je n’étais pas la seule à faire ça! » rigole Diane Barabé.
Les arbitres internationaux n’ont pas été invités aux tournois de la PGA, cette année, dont le Tournoi des maîtres à cause, principalement, des déplacements très limités.
Pas de « Magnolia Lane » pour elle cette année.
« On n’a pas eu d’invitation, on a été avisés qu’aucun arbitre international n’allait être invité cette année. C’est correct, il n’y a pas de spectateurs, alors, on va le regarder à la télé. J’ai hâte de voir ce que ça va avoir l’air ce tournoi des maîtres en novembre. En avril, avec les fleurs, c’est magnifique. »
« Oui, j’aurai un petit pincement. Ce qui va me manquer, c’est la chance de marcher « Magnolia Lane », de rencontrer tous les autres officiels de partout. C’est ce qui va me manquer le plus, en plus du tournoi lui-même et tout ce qui va avec. On va regarder ça avec beaucoup d’émotions. Je suis sûr que ça va aller sur des roulettes, quand même. »
Un mandat exigeant
En poste depuis quatre ans comme présidente du comité des règlements de Golf Canada, Diane Barabé a non seulement parcouru le monde pour officier lors de tournois prestigieux, mais participé de près à l’élaboration de la modernisation des règles de golf, en 2019. Un travail colossal.
« À ma connaissance, personne n’a fait deux mandats consécutifs à ce poste. C’est très demandant, il y a des réunions, des voyages constants. J’ai vécu dans mes valises pendant trois ans et demie. L’an passé, j’étais en Irlande, pour un tournoi, avant de quitter pour un autre tournoi, en Alberta. Ensuite je quittais pour la Nouvelle-Écosse. Tout ça en trois semaines. Ça a été comme ça pendant trois ans. C’est une expérience exceptionnelle, par contre. On est toujours sur l’adrénaline. C’est un mandat intense », exprime-t-elle.
« En parallèle, il y a eu l’élaboration des nouvelles règles du golf. Ça a demandé énormément de temps pour établir tout ça, pour former nos officiels, pour informer nos joueurs. J’ai participé à tout le processus et au travail de traduction, avec Jacques Nols, un arbitre de réputation internationale et Jean Claude Gagné. J’étais à même la prise de décision au niveau international au niveau du comité des règles. »
« Ce fut enrichissant à tous les points de vue. Je suis fière, et heureuse, mais un peu déçue de la façon dont ça se termine. Je reste membre sur le comité des règles pour 2021. Je ne vais pas quitter comme ça, je n’ai pas le goût de lâcher tout d’un trait, mais de ralentir un peu. Je vais choisir mes tournois, maintenant », dit celle qui est encore et toujours associée au club de golf Miner.
Diane Barabé ne ferme pas la porte à participer de nouveau à d’autres tournois internationaux. Mais il faut attendre l’invitation des comités organisateurs.
En attendant, elle tente d’étirer sa saison de golf au maximum, sur son terrain de prédilection.
La semaine prochaine, elle sera une spectatrice attentive.
Une spectatrice qui croit bien que Dustin Johnson pourrait avoir des chances de l’emporter…
Source: Sébastien Lajoie – Sports – La Tribune – Sherbrooke