L’émergence de la télé au Golf de la PGA…
Avec le retour du circuit de la PGA à huis clos, les téléspectateurs peuvent enfin être témoins d’exploits inédits. Depuis plusieurs saisons, le contenu télévisuel est enrichi d’innombrables statistiques qui peuvent parfois s’apparenter à un dialecte ancien pour la majorité des amateurs. Comprendre les bases pourrait aider à bonifier votre écoute. Allons-y avec un peu d’histoire et d’explications.
Le tout premier tableau indicateur électronique est apparu sur le circuit de la PGA en 1983. Il y avait, à cette époque, 19 tableaux sur le parcours. Quatre saisons plus tard, on utilisait déjà un système sans fil pour collecter les données. Elles étaient relativement simples, si on les compare avec tout ce qui est comptabilisé de nos jours.
Depuis plus de 35 ans, force est d’admettre que cette facette a évolué de façon exponentielle. Tant et si bien qu’aujourd’hui, il s’agit d’un incontournable pour la progression des golfeurs et golfeuses qui désirent avoir l’avantage sur les autres.
Cette réalité mathématique dans le monde du sport a été présentée au commun des mortels en 2011, en version cinématographique, avec Le Stratège (Money Ball). Il s’agit d’un film basé sur l’histoire vécue du directeur général des A’s d’Oakland, Billy Beane. Interprété par Brad Pitt, M. Beane s’est appuyé entièrement sur les statistiques pour bâtir une équipe compétitive.
Malgré son caractère individuel, le golf n’a rien de différent. En fait, depuis 2003, le circuit de la PGA utilise le système ShotLink, qui permet de comptabiliser tous les coups de golf au cours d’un tournoi. Quelque 350 bénévoles sont nécessaires pour comptabiliser un seul événement. Ce sont environ 10 000 bénévoles qui permettent annuellement d’alimenter cette base de données. Entre 2003 et 2012, le système a permis d’analyser plus de 10 millions de coups.
Le concept « Stroke Gained »
L’une des statistiques les plus utilisées de nos jours est sans contredit le concept « Strokes Gained » qui est difficile à traduire en français. La plus simple explication est qu’il s’agit d’une statistique qui permet de prendre les performances d’un golfeur et de les comparer avec les autres joueurs, et ce, peu importe la portion du jeu.
C’est l’Américain, Mark Broadie, professeur à l’université de Columbia, qui a mis sur pied ce calcul et qui a par la suite été appliqué sur le circuit de la PGA en 2011. À ce moment, ce concept était utilisé uniquement sur les coups roulés.
Le raisonnement derrière cette statistique est bien simple : la valeur d’un coup roulé de trois pieds et d’un autre de dix pieds est la même pour en ce qui a trait à la carte de pointage, mais le coup roulé de dix pieds est évidemment plus difficile à réaliser.
Cette méthode a été vue comme le moyen le plus précis et le plus significatif pour connaître l’efficacité des joueurs, car l’on ne peut comparer les golfeurs que lorsqu’ils se retrouvent dans des situations semblables.
Cinq ans plus tard, en 2016, le concept « Strokes Gained » s’est élargi sur tout le parcours, pour ainsi inclure des statistiques sur les coups de départ, les approches au vert et le jeu court.
Même s’il s’agit d’une notion qui est de plus en plus utilisée par les médias, ce n’est évidemment pas le téléspectateur qui profite le plus de cette marée d’informations, ce sont les joueurs.
Chaque statistique est décortiquée et ensuite classifiée, ce qui leur permet d’en apprendre davantage sur les raisons qui expliquent leurs succès ou leurs échecs.
Voir le jeu autrement
Le recensement de tous ces coups de golf a permis de remettre en question certaines vérités qui ont longtemps dicté la manière dont le golf doit être joué.
De plus, il y a quelques années, le débat sur la distance a été lancé justement parce que les golfeurs ont pu analyser leur jeu d’une toute nouvelle façon.
À titre d’exemple, selon les statistiques, 50% des joueurs sur le circuit de la PGA atteignent le vert en coups prescrits lorsqu’ils sont situés dans l’allée à environ 200 verges de l’objectif. Pour retrouver cette efficacité de 50% à partir de l’herbe longue, on doit être à moins de 150 verges de l’objectif. La réflexion derrière de tels chiffres est intéressante : « Si je frappe plus loin, j’ai plus de chance d’atteindre le vert en coups prescrit, et ce, peu importe, si ma balle est dans l’allée ou non. »
Donc, c’est pour cette raison que vous voyez de plus en plus de joueurs y aller de stratégies agressives sur les différents parcours.
Évidemment, il y a plusieurs variables à considérer, mais des questions demeurent. Est-ce que les meilleurs joueurs au monde frappent trop loin pour l’intégrité du jeu ? Est-ce que l’avancée des nouvelles technologies dénature notre sport ?
Voilà un sujet qui n’a pas fini de faire couler de l’encre.
SOURCE :
Jean-Sébastien Légaré | Au19e.ca