La jeune élite du golf québécois brille dont Noémie Paré de Victoriaville…
Le calibre des jeunes golfeurs du Québec est en nette progression depuis quelques années, si bien qu’ils composent maintenant le tiers de l’équipe nationale du Canada. À travers le parcours de deux espoirs du golf de la province, nous nous sommes attardés au processus permettant aux jeunes adeptes de ce sport d’accéder à l’élite.
George Siozos vient tout juste d’avoir 14 ans. Gagnant l’année dernière d’un important tournoi aux États-Unis, il s’est qualifié pour le Championnat mondial des adolescents, prévu à la fin juillet, en Caroline du Nord.
Lory Paradis, 18 ans, vient d’obtenir une bourse pour étudier et jouer au golf avec l’Université Fresno State, en Californie.
Qu’ont en commun ces deux espoirs? Ils sont passés par toutes les étapes de développement du golf québécois et jouent aujourd’hui tous les deux pour la normale.
George a fait le parcours au complet, indique Martin Morency, entraîneur au programme sport-études de l’école Saint-Gabriel, à Sainte-Thérèse. Ça veut dire de l’initiation, les camps de jour, les cliniques de supervision… il a commencé au golf, je pense, avant de marcher.
George Siozos, après sa victoire à l’Omnium Seaview, en septembre 2019
PHOTO : INSTAGRAM/GEORGE SIOZOS
Vers 3, 4 ans, j’ai commencé à jouer. Et vers 7, 8 ans, j’ai commencé le niveau compétitif, ajoute George. J’ai toujours aimé ça depuis que j’étais très jeune.
Lory a aussi eu la piqûre dès le départ. À 8 ans, son inscription au camp de jour, en compagnie de sa sœur aînée, a donné une trajectoire bien spéciale à sa vie.
On est vraiment devenues accrochées ma soeur et moi, raconte-t-elle. Au début, on était inscrites pour la première semaine, mais, après la première journée, on a voulu faire toutes les six semaines.
Lory Paradis
PHOTO : INSTAGRAM/LORY PARADIS
Elle a commencé du début avec la formation des camps juniors, se souvient André Désy, son entraîneur pendant son séjour à l’école Félix-Leclerc à Repentigny. Après ça, elle a fait le programme espoir, le programme relève au Mirage. Elle a fait le programme perfectionnement et elle est entrée en sport-études.
Les dividendes du programme sport-études
Implanté il y a une vingtaine d’années par le programme sport-études, le golf est maintenant enseigné dans 14 écoles à une centaine d’étudiants du secondaire.
Le sport-études, c’est un programme qui est voué vers l’excellence. Donc, ils sont pris en charge durant l’hiver, le printemps et l’automne. Et ensuite, ils sont suivis en compétition l’été. Ils sont encadrés pratiquement 12 mois par année.Martin Morency, entraîneur, École St-Gabriel
La qualité des entraîneurs a également un grand rôle à jouer dans l’amélioration des jeunes golfeurs du Québec. Leur formation est plus poussée qu’auparavant et elle leur permet de tirer les jeunes vers le haut.
C’est vraiment là que j’ai vu mon jeu s’améliorer, affirme Lory Paradis. On frappait tous les après-midi, l’hiver de midi à 15 h et l’été de 13 h à 17 h. On pratiquait beaucoup.
Le plaisir avant tout
Évidemment, tous les intervenants du milieu sont d’accord, l’enfant doit avant tout s’amuser et les parents doivent les laisser jouer sans leur imposer de pression.
Mon père m’a toujours dit que la journée que je n’aimerais plus le golf de lâcher. Si c’est ça que je veux vraiment, et que je ne regretterai pas mon choix plus tard
, lance Lory.
À mon âge, si je n’ai pas de fun, je ne voudrai pas continuer à jouer. Mais il y a du temps où tu dois être concentré et vraiment pratiquer. Et il y a du temps où tu vas jouer avec tes amis.George Siozos
On essaie d’organiser de la frappe de balle, oui, mais du chipping (approche coupée près du vert), du putting (coup roulé) et organiser des analyses vidéo, explique André Désy. Mais je terminais toujours les entraînements, la dernière demi-heure, lorsqu’ils sont fatigués un petit peu, en organisant des jeux intéressants pour eux autres. Une forme de compétition interne pour susciter l’intérêt.
S’il perd un petit peu d’intérêt, sans nécessairement dire qu’on ne veut pas le pousser, il faut l’écouter, fait valoir Martin Morency. Des fois, un jeune à 12, 13 ans peut dire : “Je n’en fais plus.” Et il revient à 14 ou 15 et il performe, j’ai déjà vu ça. Ce n’est pas parce qu’on arrête à 13 ans que notre carrière est terminée.
Des dépenses élevées
À leur niveau, George et Lory jouent beaucoup de tournois depuis des années, souvent aux États-Unis. Pour les parents, les dépenses sont donc élevées.
Ça coûte 30 000 ou 35 000 $ par année incluant les voyages, les sports-études, l’encadrement, les balles, l’équipement, précise M. Morency. Mais on parle de l’élite là.
Ce n’est donc pas à la portée de toutes les familles. Celle de George Siozos doit se priver un peu.
Mes sœurs veulent voyager, ma mère aussi, mais elles disent : “OK, nous on va arrêter et lui va faire des tournois.”
Du côté des Paradis, le fardeau financier sera bientôt allégé puisque comme sa sœur Audrey avant elle à la Central Arkansas University, Lory ira vivre le rêve universitaire américain. Elle rejoindra une autre Québécoise à Fresno State, soit Brigitte Thibault.
Lory Paradis, alors qu’elle s’est officiellement jointe à l’Université Fesno State.
PHOTO : INSTAGRAM/LORY PARADIS
Quel conseil donnerait-elle maintenant à un ou une jeune qui commence à jouer au golf de façon compétitive?
Je dirais que si tu es en compétition à un moment donné et que tu as un trou qui ne va pas comme tu veux, ce n’est pas grave, confie Lory. Parce que moi, j’ai eu souvent de mauvais trous quand j’étais jeune et, mon dieu, c’était la fin du monde, et mon dieu, ma carrière de golf est terminée parce que j’ai eu une mauvaise ronde, mais ce n’est vraiment pas le cas.
Pour être honnête, je n’ai pas tout le temps bien joué, je n’ai pas eu tout le temps des bonnes saisons et je suis en plein où je veux être en ce moment. Il ne faut pas tout le temps s’accrocher aux petits détails.Lory Paradis
George Siozos a aussi un conseil à prodiguer aux enfants qui commenceront à gravir les échelons du golf de compétition.
Si tu commences à être habitué à gagner des tournois, tu vas penser que c’est trop facile et ça ne marchera pas, dit-il. Tu dois penser que tu veux toujours gagner des tournois. Sois concentré et ça va arriver.
Si tu n’es pas bon mentalement au golf, ça ne marchera jamais, ajoute George. OK, tu peux gagner un tournoi, mais il ne faut pas penser : “Ouais, là je vais tout gagner.” Tu dois toujours penser à devenir meilleur et à travailler fort.
9 des 27 membres d’Équipe Canada proviennent du Québec
Formation jeunes professionnels
Joey Savoie, Laprairie
Hugo Bernard, Mont-Saint-Hilaire
Formation amateur
Noémie Paré, Victoriaville
Sarah-Ève Rhéaume, Québec
Brigitte Thibault, Rosemère
Étienne Papineau, Saint-Jean-sur-Richelieu
Formation junior
Malik Dao, Notre-Dame-de-l’Île-Perrot
Jean-Phillipe Parr, Saint-Célestin
Laurent Desmarchais, Longueuil
Source: Michel Chabot – Radio Canada Mtl