Analyse comparative des mesures de santé publique sur l’ouverture des clubs de golf à travers le Canada
On le sait tous, la situation actuelle est sans précédent dans notre vécu collectif. Il y a quelques temps, plus de 75% de la planète était sous des mesures de confinement obligatoires, du jamais vu. Le Québec entame cette semaine un plan de déconfinement graduel de certains secteurs de l’économie, tout comme certains de ces homologues provinciaux. Celui-ci est loin de faire l’unanimité, mais on peut se demander s’il est réaliste de l’être dans une société où tous ont un intérêt individuel à protéger. Le principe de l’intérêt collectif prend tout son sens dans une situation comme celle qu’on vit actuellement.
Ceci étant dit, je suis de nature à vouloir contribuer de façon constructive au débat et pourquoi ne pas alors se servir de mon bagage universitaire ; l’analyse de politiques publiques! C’est la base d’un débat social sain et constructif. On peut ainsi mieux analyser les interventions de l’État, les mettre dans un contexte global, et proposer aussi des pistes de réflexions et de solutions pour contribuer à l’amélioration de celles-ci, c’est-à-dire, influencer nos acteurs décisionnels dans son sens large.
Dans ce contexte, il convient alors de faire une brève analyse comparative des différentes politiques publiques mises en place dans le cadre de l’ouverture et la gestion des clubs de golf dans les provinces canadiennes pendant la situation du Covid-19.
Une politique publique est « une action stratégique menée par une autorité publique afin d’atténuer ou de favoriser certains phénomènes se manifestant dans la population » (INSP, 2012). Dans ce cas-ci, la politique publique est d’ouvrir ou de fermer les clubs de golf dans les provinces canadiennes, puisque ceux-ci pourraient avoir un impact sur la santé des Canadiens en situation de pandémie.
Notre objectif est de vous outiller dans votre lecture des différents articles sur la gestion des ouvertures des clubs de golf à travers le Canada selon une perspective plus structurée.
État de la situation
Le Canada est un vaste pays qui comporte son lot de complexité dans l’uniformité des mesures de santé publique, on s’en rend compte en gestion de crise. Les provinces ont toutes des approches différentes et cela en fait un beau cas de figure pour l’analyse de politiques publiques. Dans la situation qui nous concerne, les golfeurs et golfeuses québécois, il est intéressant de pouvoir comparer les différentes mesures mises en place dans les provinces canadiennes dans le cadre de la gestion de l’ouverture des clubs de golf.
Presque toutes les provinces ont statuées sur l’ouverture des clubs de golf ainsi que sur les normes de santé publique à mettre en place. Pour le moment, il y a seulement le Québec, l’Ontario et Terre-Neuve Labrador qui n’ont pas encore statué sur leur ouverture et les mesures associées.On remarque aussi un fait intéressant quant à l’ouverture des clubs de golf ; ceux de la Colombie-Britannique n’ont jamais été fermés au public comparativement à toutes les autres provinces canadiennes. Il sera intéressant de pouvoir comparer leur façon de faire et leurs mesures.
En plus d’avoir une certaine complexité de gestion commune au niveau des normes de santé publique canadiennes, il existe une panoplie de différentes organisations, tant provinciales que fédérales pour représenter les intérêts de l’industrie du golf. En dresser le portrait ferait l’objet d’un article complet ;)! Néanmoins, l’Association Nationale des propriétaires des clubs de golf (ANPTG) a créé un document des meilleures pratiques pour guider l’industrie canadienne dans la situation exceptionnelle que nous vivons tous en ce moment. Certaines associations provinciales ont fait de même également.
Dans votre lecture du tableau, il sera important de mettre en contexte les données ci-bas avec le nombre de cas déclarés dans chaque province. Il ne faut jamais oublier que tout est une question de contexte et de perspective.
Analyse comparative
Afin de faciliter la lecture et la compréhension du tableau, nous avons créé une légende de couleurs.
En vert, ce sont les normes émises et recommandées par l’ANTPG. En bleu, ce sont les normes exigées par les autorités provinciales. En jaune, ce sont les normes émises et recommandées par les associations régionales, s’il y a lieu.
Également, il faut comprendre qu’en tout temps, les clubs de golf ont donc la possibilité de mettre en place des normes plus sévères dans leur propre installation. Les règles constituent la base minimale de réglementation.
Nous avons comparé les mesures mises en place par les différentes autorités provinciales et les recommandations de l’ANTPG.
L’objectif est d’offrir un cadre d’analyse avec une structure commune pour résumer les différentes mesures. Pour la province de Québec, nous allons utiliser les informations de mesures dites « probables » dévoilées le 5 mai par la Table de concertation de l’industrie du golf au Québec.
A la lecture de ce tableau, nous sommes capable de remarquer différentes mesures qui font l’unanimité parmi les provinces :
- Réservation de temps de départ obligatoire, pas de « walk-in»
- Aucune obligation, mais la forte suggestion d’acheter en ligne et de réserver via téléphone ou internet le temps de départ.
- Les clubs de golf doivent communiquer clairement leurs normes de santé publique de leur installation lors de la réservation.
- Bien gérer l’accueil et le tempo des départs
- Bien évidemment, une augmentation accrue du nettoyage de toutes les installations en contact avec les golfeurs et les employés
- Créer de la signalisation adéquate pour bien diriger les golfeurs et aider à bien respecter les mesures de distanciation sociale tant à l’extérieur qu’à l’intérieur
- La fin des salutations après la partie et départ immédiat
C’est bien de remarquer les ressemblances, mais c’est encore plus intéressant de s’attarder aux différences. Un des éléments qui varie d’une province à l’autre est l’intervalle entre les départs. Certaines provinces ne statuent pas officiellement sur le temps laissé entre les départs, mentionnant plus tôt d’augmenter l’intervalle en réduisant la capacité d’un certain et d’autres demandant un intervalle fixe de 20 minutes.
Un second élément qui varie entre l’ANPTG et les provinces est la question de la coupe des trous sur les verts. C’est un des éléments qui aura le plus grand impact sur la partie des golfeurs. Comme vous êtes à même de le constater, différentes mesures et exigences existent au Canada, de la suggestion à l’imposition d’une méthode de faire. C’est au Nouveau-Brunswick et au Terre-Neuve Labrador que la mesure est la plus sévère, ou du moins qui impact le plus la façon de jouer, mais qui diminue les risques de contact par le fait même.
En effet, les coupes sont surélevées de 1 pouce afin que la balle frappe la tige sans entrer dans le trou. Cela sera considéré comme si la balle était tombée dans la coupe.. Ailleurs au Canada, les provinces ont laissé le libre choix du moyen pris, mais la règle est claire ; tous doivent limiter le contact avec le drapeau, qui celui-ci doit obligatoirement rester fixé dans le trou.
Certaines provinces ont exigé aussi de fermer le terrain et le vert d’exercice comme l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve Labrador. D’autres demandent la distanciation sociale en tout temps dans les installations de pratiques.
Les provinces de la Sasktchewan, Terre-Neuve et de l’Île-du-Prince-Édouard sont les seules à statuer sur l’interdiction de la tenue d’événements golf comme une ligue, un tournoi et leçon de golf.
Une seule province a mis en place un protocole de question de sécurité quant à la santé des golfeurs lors de la réservation et il s’agit de la Saskatchewan. En effet, avant chaque prise de départ, le préposé au téléphone doit poser des questions de santé afin de respecter un protocole de sécurité.
La liste serait longue sur les différentes mesures entre les provinces, mais cela donne une idée claire des mesures à mettre en place au Québec. Nous pourrons bientôt comparer les mesures officielles du Québec. Nous mettrons à jour le tableau lorsque de nouvelles données seront publiées.
Constats et questionnements
Dans l’analyse des politiques publiques entourant l’ouverture des clubs de golf, la santé publique doit prêter attention aux effets positifs de la mesure de fermer le secteur, mais elle doit aussi se soucier des effets négatifs. Par exemple, garder les clubs de golf fermés comme actuellement, pourrait créer un effet négatif sur la santé physique et mentale des golfeurs québécois. En contrepartie, ouvrir les clubs de golf avec des mesures inadéquates pourrait contribuer à relancer la courbe de la pandémie. Tout est une question d’équilibre.
Comme nous le mentionnons ci-haut, le Québec et l’Ontario seront les provinces qui retarderont le plus l’ouverture de leurs installations. C’est aussi les deux provinces les plus touchées ainsi que celles où la population est la plus âgée en terme de proportion. Nous devons donc y voir une certaine cohérence qui demande une certaine patience de la part des golfeurs de ces deux provinces. Il y a aussi le cas de la Nouvelle-Écosse qui est un cas à part et des développements devraient aussi avoir lieu sous peu.
Néanmoins, il est évident que le golf est un sport où la pratique de la distanciation sociale peut être sécuritaire si les bonnes mesures sont mises en place.
Ceci dit, il est cependant inévitable de réaliser que les nouvelles mesures de santé publique, aussi temporaires soient-elles pour la saison 2020, donneront plusieurs défis pour les clubs de golf. Ceux-ci pourraient faire l’objet d’un prochain article tellement ils sont nombreux.
Dans la situation actuelle, un des questionnements qui revient sur le fonctionnement est plutôt en lien avec l’accessibilité des ressources. Par exemple, les mesures de nettoyage seront multipliées, mais la disponibilité de désinfectant sera-t-elle suffisante pour répondre à la forte demande? Certains disent avoir déjà de la difficulté à en commander.. Cette question pourrait être utilisée aussi pour tout autre matériel de protection que les employés auront besoin. Bref, une vigilance est de mise.
Il faut aussi penser à toutes les situations qui pourraient arriver afin d’instaurer des mesures adéquates pour répondre à la règle de base ; la distanciation sociale. Par exemple, en cas de délai dû à la pluie ou les orages, les golfeurs ne pourront se rassembler sous les mêmes installations. Ce n’est qu’une situation parmi tant d’autres.
Bien évidemment nous croyons que le golf est un sport qui se pratique en respectant les règles de santé publique nécessaires si on prend les précautions adéquates. L’objectif est que les clubs de golf puissent être ouvert toute la saison, il faut donc bien gérer notre excitation de fouler les allées afin de ne pas brusquer aucun protocole! C’est une responsabilité collective ; les clubs de golf doivent bien préparer leurs installations et les golfeurs doivent faire preuve d’une étiquette hors pair pour respecter les règles mises en place afin que tous puissent profiter de ce merveilleux sport en c’est temps plus difficile!
N’hésitez pas pour toute question ou commentaire sur le document!
NB : la saskatchewan a modifié ses mesures de santé publique le 9 mai 2020. Elle les adoucis, 12 minutes d’intervalle au lieu de 20 minutes entre les départs. Elle permet également maintenant l’ouverture du terrain de pratique tout comme du vert de pratique. elle interdit maintenant les tournois et les ligues.
Source: Marie -Pier pour Flexi Golf