Le lancement de la saison de golf est vu avec optimisme dans un scénario moins rose à long terme au Québec
La bonne nouvelle, c’est que l’industrie du golf s’attend à recevoir très bientôt l’aval du gouvernement pour lancer sa saison en mai. La moins bonne, c’est qu’elle essuiera d’énormes pertes et affrontera d’énormes défis.
Selon les recommandations du gouvernement dans certaines régions, dont Charlevoix et les Laurentides, et les restrictions de déplacements toujours en place, des clubs songent à ne pas ouvrir avec l’absence de touristes. À plusieurs endroits, les pertes atteignent plus de 100 000 $.
Propriétaires de Boutiques de Golf durement touchés
Et parmi les perdants de cette industrie, comme le révélait Le Journal lundi matin, les propriétaires de boutiques dans les clubs de golf sont durement touchés. Selon le protocole de lancement de saison déposé par la Table de concertation de l’industrie du golf, ils devraient demeurer fermés à la vente au détail, à moins d’avis contraire de la Santé publique. La seule exception a trait au matériel de dépannage du golfeur.
Comment expliquer qu’ils soient laissés pour compte quand les consommateurs peuvent fouiller dans les rayons des magasins à grande surface ? Ou comment expliquer qu’on encourage l’achat local avec la création du Panier Bleu et qu’ils ne soient pas inclus ? C’est ce que bon nombre de propriétaires ont argué au Journal ces derniers jours.
Boutiques locales ou grande surface
« Si les gens peuvent acheter dans les grandes surfaces, ils devraient pouvoir magasiner dans leurs boutiques locales également », fait valoir Gary Lagden, propriétaire de la boutique au club Le Blainvillier et aussi directeur général du complexe de 36 trous de la Rive-Nord.
« Si je mets toutes les mesures sanitaires en place pour la santé et la sécurité de mes employés et de mes clients, pourquoi serais-je traité différemment de ces magasins, questionne-t-il. Notre saison n’est étalée que sur six mois. »
Offrir du lest
Un gros joueur, Lagden a depuis longtemps reçu 80 % de sa marchandise annuelle à la fin de février, ce qui représente environ 400 000 $. La pandémie de la COVID-19 a déjoué ses plans, comme plusieurs autres. Il sait qu’il essuiera « d’énormes pertes », et malgré la meilleure stratégie, il essaiera de les minimiser grâce à de bonnes ententes conclues avec les fournisseurs.
« Il faut nous laisser de la corde un peu, il nous faut de l’aide et des directives claires, sinon on va se pendre avec le peu de corde qu’on a », lance celui qui a mis sur pied un site de ventes en ligne et de livraison express pour ses quelque 700 membres. Plusieurs de ses homologues ne peuvent imiter sa stratégie et doivent se creuser les méninges pour écouler leurs stocks.
On voudrait des informations exactes au Québec
« Je souhaiterais obtenir des informations exactes, ajoute Lagden. On voit des méthodes dans les Maritimes, dans l’ouest et aux États-Unis. Ici, rien de concret. J’ai fait trois plans et je ne sais pas lequel utiliser avec un lancement de saison à venir. »
À Val-Morin, dans un club local des Laurentides, le proprio de la boutique, Martin Bergeron, a mis un frein à l’arrivée des commandes, et ses achats de plus de 80 000 $, pour l’instant, sont en péril.
Attentes à revoir
En allant taper sur la « petite blanche , les golfeurs devront réviser à la baisse leurs attentes envers les clubs, qui auront manqué de temps pour bien manucurer leurs installations. Bien que cette Table répète que les parcours seront prêts, la réalité est différente sur le terrain. Elle touche surtout ceux qui ont joué contre la COVID-19 et dame Nature, pendant que d’autres, prêts, attendent patiemment.
Les surintendants ont dû gérer des équipes réduites en raison des restrictions sanitaires, et dans plusieurs cas ont revu les budgets à la baisse. Les pertes engendrées par l’annulation des salons d’exposition en mars, du banquet de Pâques, des mariages et évènements jusqu’à la fin de l’été laissent de profondes cicatrices dans les budgets d’exploitation.
Nous ne sommes pas prêts
« Nous ne sommes pas prêts. Environ 70 % des travaux sont exécutés, et en temps normal, nous ouvrons cette semaine, explique Éric Briand, surintendant et DG du club Saint-Jean, qui ne pouvait s’offrir plus de trois employés sur le parcours.
« Au début, il ne faut pas s’attendre à la perfection dans les détails, mais les verts sont beaux, a-t-il ajouté en exprimant la réalité, comme plusieurs dirigeants l’ont mentionné au Journal.
Ce serait aussi agréable d’avoir une idée de la direction de l’industrie,
question de choisir la stratégie d’entretien. »
Cette industrie n’en est pas à ses premiers défis. Elle en a un « covidien » sur les bras.
SOURCE : François David Rouleau – Journal de Montréal