Les annulations et les reports des tournois entraînent de lourdes pertes
C’est sur le terrain du Stadium Course du TPC Sawgrass à Ponte Vedra Beach, en Floride situé entre Jacksonville et St. Augustine, que le dernier élan a été donné, le 12 mars, freinant ainsi les activités de la PGA pour une durée indéterminée en raison de la COVID-19.
C’était le 12 mars, le commissaire Jay Monahan discutait des impacts de la COVID-19 sur le circuit de la PGA, à Sawgrass. Le discours n’est plus le même avec l’évolution de la pandémie. Moins d’un mois plus tard, l’épée de Damoclès pend plus que jamais au-dessus de la tête des golfeurs au chômage.
Difficile de croire que le meilleur circuit au monde se remettra en marche d’ici juin, voire juillet, quand on constate l’explosion des foyers d’infection à travers les États-Unis. À cela s’ajoutent les consignes gouvernementales et les restrictions de voyage.
Déjà, le calendrier est amputé des tournois jusqu’à la mi-mai. En juin, les golfeurs devaient converger vers le Michigan, l’Ohio, New York et le Connecticut, où le virus se répand comme une traînée de poudre. Rien d’encourageant pour une reprise.
Incapable de s’affairer aux préparatifs de l’Omnium des États-Unis, qui serait disputé à la mi-juin à proximité d’une zone en quarantaine à New York, l’Association de golf des États-Unis (USGA) annoncera bientôt son annulation ou son report. Dans le contexte actuel, impossible de transférer cet imposant championnat majeur ailleurs en moins de trois mois. Ce serait utopique de croire en un retour à Oakmont, en Pennsylvanie, un État où la contagion communautaire est bien répandue. Un soudain changement de cap ressemblerait, à l’échelle logistique, à l’accostage d’un paquebot dans une petite marina locale. L’idée, ne serait-ce que de réunir des dizaines de milliers de spectateurs en un même endroit, donne froid dans le dos.
Logistique effrayante
Le prestigieux US Open s’ajoutera donc au Tournoi des Maîtres et au Championnat de la PGA d’Amérique parmi les tournois majeurs reportés à une date ultérieure. Et à en croire ce qui émane du Royal and Ancient (R&A) de St Andrews, l’Omnium
britannique emboîtera le pas.
On discute actuellement de la remise des tournois du Grand Chelem en les condensant à l’automne, même si les journées sont plus courtes.
Déjà, les golfeurs, considérés comme des salariés contractuels, n’ont pu se partager près de 74 M$ en bourses sur le principal circuit de la PGA uniquement. Les têtes d’affiche engrangent des pertes chiffrées en millions de dollars, tandis que l’annulation de tournois privera les plus petits salariés de bourses vitales. En ces temps moroses, les cadets sont aussi durement touchés. C’est d’ailleurs pourquoi le circuit a instauré un programme d’aide destiné aux golfeurs et à leurs fidèles compagnons.
Le branle-bas de combat est le même sur les circuits satellites, la LPGA et le circuit européen (voir les statistiques plus bas). À travers les grands circuits du monde, plus de 20 tournois sont annulés et une trentaine sont reportés. La LPGA et le circuit européen réorganisent toutefois leur calendrier en reportant les événements, plutôt qu’en les annulant. La USGA a déjà déplacé son omnium féminin de mai à décembre.
Des millions $ en otages
La vague massive d’annulations continuera d’engendrer d’importantes pertes. Jusqu’à la fin de juin, le coronavirus tient en otage une malle de 51 M$ sur le circuit principal du PGA Tour. À cela s’ajouteront les quelque 25 M$ à l’enjeu dans les omniums américain et britannique. La direction du PGA Tour annoncera sous peu l’annulation d’une partie de ses 175 tournois annuels à travers le monde.
Tout indique que l’Omnium canadien, détenteur d’un permis de festivalier à Toronto, écopera de la consigne municipale interdisant tout rassemblement jusqu’à la fin de juin. Il devait débuter à Toronto le 11 juin. Ce serait une première annulation depuis 1944.
Cette pause forcée prive les golfeurs de leur salaire. Monahan s’est joint à eux en renonçant au sien en temps de crise. Au petit écran, les pertes sont chiffrées en centaines de millions de dollars, en plus d’ajouter les massives mises à pied à l’équation.
Comme tous les sports, le golf vit une très sombre période. Disputé en plein air, il pourrait toutefois être appelé à réanimer la scène sportive.
L’ÉVOLUTION DE LA COVID-19
- 10 mars | Le commissaire du circuit de la PGA, Jay Monahan, confirme la présentation du Championnat des joueurs au TPC Sawgrass devant débuter deux jours plus tard. C’était 36 heures avant la suspension de la saison dans la NBA et le discours à la nation du président Trump.
- 12 mars | Dans l’incertitude entourant la progression de la pandémie, le Players prend son envol devant les spectateurs sur le Stadium Course du TPC Sawgrass. L’ambiance est différente et les rumeurs sur la suite du tournoi fusent de partout, dont celle de le terminer à huis clos. Après la première ronde, tard en soirée, le PGA Tour décide d’annuler son tournoi phare et suspend illico les activités de ses six circuits à travers le monde.
- 13 mars | Le circuit de la PGA annule ses tournois jusqu’en avril. Le Augusta National annonce le report du Tournoi des Maîtres à une date ultérieure. Le circuit de la LPGA reporte aussi des tournois, dont le premier majeur de la saison.
- 17 mars | La PGA d’Amérique confirme que le Championnat de la PGA ne sera pas disputé en mai au TPC Harding Park de San Francisco. Le second tournoi majeur de la saison chez les hommes est reporté à une date ultérieure. Le PGA Tour annonce l’annulation de ses tournois jusqu’au 10 mai.
- 20 mars | La LPGA annonce de nouvelles dates des tournois en faisant de la gymnastique dans son calendrier. Elle réajuste ensuite constamment le tir. Le circuit européen reporte également ses événements.
- 24 mars | Le CIO annonce que les Jeux ne s’ouvriront pas à Tokyo en juillet, ce qui ouvre les cases horaires aux grands circuits.
- 27 mars | Le New York Post rapporte que le US Open, prévu en juin dans la région de New York, devenu l’épicentre de la pandémie, serait remis. Le 1er avril, il appert que le R&A réfléchit au sort de l’Open britannique de juillet. Chez les hommes, un plan est concocté avec trois championnats majeurs et la coupe Ryder.
- 79 M$ : Total des bourses à l’enjeu dans les événements reportés des circuits de la PGA, de la LPGA et européens durant la saison 2020.
87 M$ : Montant total des bourses des tournois annulés parmi les six circuits du PGA Tour et de l’European Tour. En ajoutant les circuits féminins, 23 tournois des calendriers 2020 sont annulés tandis que 40 sont reportés.
700 M$ : Valeur annuelle approximative du contrat signé il y a trois semaines entre le PGA Tour et ses partenaires médiatiques, NBC/Golf Channel, CBS, ESPN+ et Disney, qui entrera en vigueur en 2022. Jusqu’en 2030, les revenus annuels devraient atteindre 2,7 G$.
1 G$ : Montant du contrat de 12 ans signé en 2015 entre le réseau FOX et l’Association de golf des États-Unis (USGA) pour la diffusion de tous ses tournois, ce qui représente environ 83,5 M$ par année
- SOURCE : François David Rouleau – Journal de Mtl